jeudi 11 février 2016

Potosi - Bolivie

"Je suis la riche Potosi, Trésor du monde, Objet de convoitise des rois." Cette citation figurait sur le premier blason de la ville et résume bien la situation. 

Les Espagnols se sont emparés de Potosi et de son Cerro Rico, un "mont riche" rempli d'argent.

L'histoire de la ville est entièrement liée à cette ressource. En effet, pendant des années d'opulence, alors que l'argent semblait inépuisable, la cité a été la plus grande et la plus riche des Amériques. Mais lorsque le filon commença à s'épuiser, la ville sombra dans le déclin et sa population dans la misère. 

On ignore la quantité d'argent qui fut extraite du Cerro Rico durant 4 siècles de productivité mais une croyance populaire affirme qu'elle aurait permis aux espagnols de construire une pont d'argent jusqu'à l'Espagne tout en leur laissant des quantités suffisantes à transporter par cette voie. Mais aussi un autre pont fait des os de tous les esclaves morts pour extraire le minerai et le transformer en pièce. ( 8 millions d'esclaves morts)

Aujourd'hui, Potosi est la ville de plus de 100 000 habitants la plus haute du monde (4070 mètres) et la plus pauvre de Bolivie.  L'expression "ça vaut un Potosi" s'applique à des transactions très lucratives.

Ca c'était pour la partie culture pour ceux qui sont intéressés par l'histoire de la ville.


Nous sommes arrivés à Potosi vendredi 5 fevrier, toujours dans l'ambiance carnaval !

Nous avons visité samedi matin les fameuses mines d'argent. Nombreux voyageurs refusent de visiter les mines jugeant qu'il s'agit de voyeurisme, d'un tourisme de misère. Ils n'ont pas tout à fait tort mais nous pensons que le plus important est l'état d'esprit dans lequel on fait la visite. Nous avions envie de connaître la vraie vie des mineurs, qui sont encore 5000 à travailler chaque jour dedans. 

Nous avons fait la visite le samedi et en fin de compte ce n'était pas plus mal car il n'y avait pas grand nombre de mineurs et surtout pas d'enfants !

Notre guide était un ancien mineur qui a travaillé pendant 22 ans à l'intérieur des mines à partir de l'âge de 9 ans ! 

Exposés à toutes sortes de produits chimiques et de gazs nocifs, les mineurs meurent habituellement de silicose et leur espérance de vie est réduite à 45-50 ans maximum. Ils gagnent au bout de plusieurs années jusqu'à 3000 - 3200 bolivianos par mois (4 fois plus que le salaire minimum) et sont organisés en 45 coopératives. 

Les femmes sont admises dans certaines mines mais certains mineurs continuent de croire qu'elles portent malheur. En effet, leur présence risquerait de rendre jalouse Pachamama (la Terre-Mère) et seulement 5 peuvent simultanément entrer à l'intérieur de la mine. 

Notre visite à commencé par la visite d'un marché où nous avons acheté des cadeaux pour les mineurs que nous rencontrerons dans la mine (fanta, feuilles de coca, explosifs et cigarettes).



Mais sur le marché, on rencontre un tas d'autres choses ... pas très appétissantes ( viande de lama )




Ensuite nous avons eu un petit cours sur les méthodes de séparation des minéraux et de la terre/roche.

Aujourd'hui, il n'y a plus beaucoup d'argent dans la mine mais sont extraits du plomb, du zinc et un peu d'or. 



Les gravats sont d'abord envoyés dans un broyeur (plus petit que celui de Roussillon et moins sécu...) 


Où ils sont broyés à l'aide de galets et de l'eau.


Sortie de broyeur.


Puis avec des produits chimiques, ils séparent l'eau et les minéraux qui remontent à la surface de l'eau et des pales poussent le minéral dans un petit conduit.



Pour arriver dans des fosses où les mineurs récupérent une sorte de boue qui contient tous les différents minéraux.


Comme vous pouvez le voir, l'usine n'as pas de sécurité, il n'y a pas d'aspiration et les mineurs travaillent avec l'odeur de produits chimiques toute la journée. Il y a cependant une mini usine de retraitement de l'eau.


La Bolivie ne possède pas d'usine qui sépare les différents minéraux contenus dans la boue, elle est obligée de l'expédier par train au Chili.

Puis nous avons enfilé nos tenues de protection et sommes partis dans les mines.



À l'intérieur des mines c'était assez éprouvant car il fallait pas mal se baisser pour marcher et avec l'altitude on s'essouffle rapidement.





Par moment il y'avait des échelles, dur dur ! Il faut reprendre son souffle après !



Comme c'est le carnaval, la mine était décorée mais surtout il y a des offrandes au dieu Tata Kaj'chu pour obtenir sa protection sous terre. 

Le vendredi soir, une cha'lla (offrande) vise à obtenir sa bienveillance et sa protection : les mineurs versent un peu d'alcool (à 96) sur le sol devant la statue, placent des cigarettes allumées dans sa bouche et disposent des feuilles de coca un peu partout. Une fois cela accompli, les mineurs boivent, fument et mâchent de la coca: c'est un rituel très pris au sérieux par les mineurs qui commencent plus tôt le vendredi matin pour pouvoir le faire.








Nous avons eu une démonstration du rituel et bu de l'alcool ( 2 gorgées ça arrache suffisamment !) puis avons continué d'explorer la mine.





En tout, nous en avons visité deux. Ce qui est très choquant c'est de voir que certaines familles vivent aux entrées des mines et que les enfants vivent dans cette pollution, jouent aux abords des mines, vendent des cailloux ...






Nous avons eu le droit, après avoir donné nos cadeaux aux quelques mineurs rencontrés, d'assister à une explosion à la dynamite avec 11 détonations  (pas très prudent, certes, mais montée d'adrénaline garantie!) Bien sur nous nous etions éloignés de l'endroit où la dynamite a été placée.





En ressortant sains et saufs, nous  avions une superbe vue panoramique sur toute la ville.



L'après midi, après une bonne douche, nous avons continué de visiter la ville et notamment la Casa Nacional de la Moneda, Monumento phare de la ville et renferme des trésors historiques. Il s'agit en fait d'un hotel des monnaies où les pièces d'argent étaient frappées.




















































3 commentaires:

  1. Ok vous aviez des EPI mais quand même...
    Personnellement je n'aurais pas eu votre témérité pour aller dans ces mines. Trop attachée à la sécurité, n'est ce pas Adrien !!!
    Merci en tout cas pour ce partage d'une réalité assez effrayante pour ces boliviens.

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  2. Bravo vous êtes courageux ,et très beaux dans vos tenues de mineurs !!Beau reportage !
    Mamy Ja

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  3. Wahhh, chapeau , faut pas être claustrophobe.... Effectivement, ca fait relativiser beaucoup de choses une fois de plus... Bonne continuation à vous

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